Les incidents antisémites ont légèrement diminué en 2024 mais restent supérieurs aux niveaux d'avant-guerre, selon l'Université de Tel-Aviv

L'université de Tel Aviv a publié mercredi son rapport annuel sur l'antisémitisme dans le monde pour 2024, juste avant la Journée du souvenir de l'Holocauste en Israël, qui commence mercredi soir.

Le rapport indique une légère baisse des incidents antisémites dans le monde en 2024, mais le niveau reste supérieur à celui enregistré en 2023, avant la guerre.

Le professeur Uriya Shavit, rédacteur en chef du rapport, a déclaré : « Dans le monde entier, les niveaux d'antisémitisme restent nettement plus élevés qu'avant le 7 octobre. »

Shavit a également souligné que le rapport remet en question l'opinion largement répandue selon laquelle l'antisémitisme n'a cessé de croître depuis le déclenchement de la guerre de Gaza le 7 octobre 2023.

« Cependant, contrairement à la croyance populaire, les conclusions du rapport indiquent que la vague d'antisémitisme ne s'est pas intensifiée de manière constante en raison de la guerre à Gaza et de la catastrophe humanitaire qui s'y est produite », a souligné Shavit. « Le pic a été atteint en octobre-décembre 2023, et un an plus tard, une forte baisse du nombre d'incidents a été constatée presque partout ».

Quoi qu'il en soit, Shavit déplore la montée de l'antisémitisme provoquée par l'attaque contre Israël.

« La triste vérité est que l'antisémitisme a surgi au moment même où l'État juif semblait le plus vulnérable et menacé dans son existence même. »

Le rapport de 160 pages a été rédigé par 11 chercheurs du Centre d'études sur le judaïsme européen contemporain et de l'Institut Irwin Cotler pour la démocratie, les droits de l'homme et la justice de l'université de Tel Aviv.

Publiée depuis 25 ans, cette étude annuelle est devenue l'une des plus fiables sur le sujet au fil des ans.

Contredisant également certains discours populaires sur l'antisémitisme, les chercheurs ont constaté une diminution des incidents antisémites en 2024 par rapport à 2023 dans plusieurs pays à forte population juive.

Des pays tels que la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont enregistré une baisse globale du nombre d'incidents antisémites, bien que la France ait connu une augmentation du nombre d'agressions physiques contre des Juifs en 2024.

Selon les auteurs du rapport, la hausse spectaculaire des incidents antisémites en Australie au cours des dernières années, même avant le début de la guerre à Gaza, est particulièrement préoccupante.

Le « Conseil exécutif des Juifs d'Australie » a enregistré 1 713 incidents antisémites en Australie en 2024, contre 1 200 en 2023. Il est alarmant de constater que le nombre d'incidents en 2023 était presque trois fois supérieur à celui enregistré en 2022. Toutefois, le rapport a constaté une diminution des incidents au cours des trois derniers mois de 2024.

L'Italie est un autre pays préoccupant, qui a également enregistré une augmentation alarmante des incidents antisémites. Le « Centre de documentation juive contemporaine » a recensé 877 incidents de ce type en 2024, contre 454 en 2023.

Le rapport de l'université de Tel Aviv ne répertorie pas les incidents survenus dans l'ensemble des États-Unis, mais se concentre principalement sur les villes à forte population juive, telles que New York, Los Angeles, Austin, Denver, Seattle, Portland, San Francisco et Washington D.C.

La plupart de ces villes ont connu une légère augmentation en 2024 par rapport aux chiffres de 2023. L'Anti-Defamation League (ADL), qui a publié son rapport annuel la veille, s'est concentrée sur les résultats nationaux et a constaté une augmentation de 5 % du nombre d'incidents antisémites enregistrés aux États-Unis.

Selon le rapport de l'ADL, aux États-Unis, les manifestations contre Israël ont été un facteur majeur d'antisémitisme pour la première fois depuis que l'organisation a commencé à collecter des données. L'ADL a enregistré plus de 9 300 incidents antisémites à travers les États-Unis en 2024, contre 8 873 en 2023. Le groupe a également indiqué que des incidents avaient eu lieu dans les 50 États et dans le district de Columbia.

« Ce niveau effrayant d'antisémitisme ne devrait jamais être accepté et pourtant, comme le montrent nos données, il est devenu une réalité persistante et sinistre pour les communautés juives américaines », a déclaré Jonathan Greenblatt, PDG de l'ADL.

Le Canada est un autre pays qui a connu une augmentation des incidents antisémites. L'organisation « B'nai Brith » a recensé 6 219 incidents antisémites en 2024, contre 5 791 en 2023, ce qui représentait déjà une augmentation par rapport aux 2 769 incidents enregistrés en 2022.

Le rapport de l'université de Tel Aviv contient également plusieurs études distinctes, dont une sur le rôle des forces de l'ordre dans plusieurs villes du monde. Il révèle que seul un pourcentage négligeable des plaintes pour incidents antisémites ont donné lieu à des arrestations et à des poursuites judiciaires.

Carl Yonker, chercheur senior qui a travaillé sur le rapport, a déclaré : « Beaucoup plus peut être fait si la volonté existe. »

« L'éducation et la législation sans application sont inutiles », a déclaré Yonker. « La lutte contre l'antisémitisme nécessite des efforts soutenus de la part des forces de police et des procureurs, et non des déclarations pompeuses et des cérémonies de remise de prix grotesques avec des stars hollywoodiennes. »

Le rédacteur en chef du rapport de l'UTA, Shavit, a souligné que l'antisémitisme n'est pas une « question marginale ».

« L'antisémitisme n'est pas seulement un problème du passé ou une question marginale », a-t-il noté. « C'est un miroir de nos sociétés. Et en 2024, ce reflet reste profondément troublant. »